Important…
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Grande-Bretagne, 1er janvier 1943
Chers parents,
Je me sens bien seul en ce matin du Nouvel An. Déjà presque deux ans que mon bataillon a été déployé dans les vieux pays pour se joindre à l'armée Britannique et que nous sommes en guerre contre les Allemands et les Italiens. Plusieurs de mes confrères ont péri lors des combats de l'été 1942 en France. Pour ma part, je m'en sors avec quelques blessures mineures au fil des mois et je continue de m'entraîner pour garder la forme dès que j'en ai l'occasion.
Je suis présentement à l'infirmerie dans un camp tout près de la frontière allemande. Encore quelques jours de repos et je pourrai rejoindre mon bataillon. J'aimerais tant que vous puissiez m'écrire mais nous changeons tellement souvent d'emplacement qu'il me serait impossible de recevoir vos lettres… Je continuerai de vous écrire régulièrement en espérant que mes lettres se rendent à destination..
Je vous embrasse, votre fils Henri XXX
Grande-Bretagne, 28 novembre 1943À l'attention de la famille de l'officier Henri Fraser,
Nous avons le regret de vous annoncer que le bataillon dont faisait parti votre fils Henri a été capturé par l'ennemi italien il y a de cela près d'un mois. Aucun membre du bataillon n'est revenu au camp ou n'a été vu depuis leur capture, nous devons donc assumer le pire et qu'ils ont possiblement été exécutés par les forces ennemies.
L'armée canadienne et britannique présentent ses sincères condoléances à la famille et aux proches de monsieur Henri Fraser.
… Pendant ce temps, dans un petit village côtier d'Italie…
Le bataillon d'Henri a bel et bien été capturé par l'armée italienne et leurs alliés allemands. Ils ont torturé les soldats canadiens et britanniques pendant des jours, leur ont retiré leurs insignes militaires afin qu'il soit impossible de les identifier et les ont laissé pour mort dans un champs près de la mer…
Le prêtre de la petite communauté de San Donnino, Giovanni Costa, accompagné de quelques fidèles, font régulièrement le tour des champs de bataille de la région une fois le carnage terminé à la recherche de survivants ou pour récupérer les corps des soldats tombés au combat. Peu importe leur allégeance ou leur origine, tous les êtres humains ont droit au repos éternel et à une sépulture décente.Giovanni a trouvé Henri gisant au sol dans une marre de sang, son pouls est très faible, sa respiration quasi inexistante et il est l'un des rares survivants parmi les soldats laissés à leur perte.
Giovanni a placé Henri dans un vieux chariot abandonné et a demandé à deux fidèles de transporter le chariot jusqu'au couvent afin que les religieuses et les infirmières puissent lui administrer les premiers soins et tenter de lui sauver la vie.
Les jours passèrent et Henri ne se réveillait toujours pas… Giovanni lui administra l'extrême-onction, sacrement de l'Église catholique destiné aux fidèles en péril de mort, par mesure de prévention s'il advenait qu'il trépasse. Son pouls est toujours très faible et il semble avoir reçu un bon coup derrière la tête, en plus des nombreuses lacérations sur son corps.
Les sœurs restent, à tour de rôle, au chevet d'Henri et les 3 autres survivants qu'ils ont pu rapatrier au couvent. Sœur Lauretta passe plus de temps avec Henri qu'avec les autres soldats blessés. Henri semblait être dans la jeune vingtaine, tout comme elle, et cela la bouleversait qu'il puisse perdre la vie à cause de cette horrible guerre qui dure depuis maintenant quatre ans.
— Restez allongé mon cher, lui indiqua doucement Lauretta, vous venez de vous réveiller d'un long sommeil, vos jambes sont sans doute engourdies, vous perdriez l'équilibre.
— Qui... Qui êtes-vous?? Où est-ce que je suis?? balbutia Henri avec une voix à peine perceptible.
— Je suis sœur Lauretta, vous êtes au couvent de San Donnino, en Italie, lui répondit-elle doucement. Vous avez été secouru dans un champs près de la rive, vous et trois autres officiers, qu'on croit être de l'armée britannique.
— … En Italie… L'armée… Je ne comprends pas… Qu'est-ce que je fais ici ?? répliqua Henri dans un état de panique.
— C'est normal que vous ayez une petite perte de mémoire, vous avez reçu énorme coup à la tête, le rassura Lauretta. Est-ce que vous pouvez me dire votre prénom ou votre lieu de naissance ? lui demanda-elle.
— Je m'appelle... je... je ne sais même pas comment je m'appelle, sanglota Henri.
— Patience, mon cher, une chose à la fois, vous êtes réveillé, c'est déjà un pas dans la bonne direction, le réconforta Lauretta. Nous vous prénommerons Mario pour le moment, c'est le nom que l'on donne aux gens qu'il nous est impossible de confirmer l'identité.
Quelques, jours plus tard, il a commencé à marcher sans difficulté et a rejoint les religieuses dans la salle à manger lors des repas.
Sœur Lauretta lui a proposé de faire quelques activités pour se distraire et en même temps faire travailler sa mémoire, en dessinant ce qui lui passe par la tête ou en lisant des ouvrages portant sur la géographie ou l'histoire, peut-être que cela pourrait faire revenir quelques souvenirs. Elle a déjà conclu qu'il n'était pas britannique puisqu'il parlait parfaitement le français mais qu'il n'était pas originaire de la France car il avait un tout autre accent qu'elle n'avait jamais entendu, elle qui parle trois langues, l'italien bien sur, mais également l'anglais et le français.
Au fil des semaines, Mario (Henri) allait de mieux en mieux physiquement, ce qui lui permettait de participer aux différentes corvées que devaient accomplir les religieuses sur la propriété. En temps normal, les hommes ne sont pas autorisés à loger au couvent mais le curé Giovanni aime bien transgresser les règles de la religion catholique lorsque ça relève du gros bon sens et de la charité chrétienne.
Sœur Monica, qui maitrise à la perfection la confection de pains de toutes sortes, a donné quelques leçons de base à Mario (Henri) afin qu'il puisse aider à la cuisine également.
Sœur Lauretta l'a emmené visiter le parc où un monument commémoratif a été érigé en mémoire des soldats tombés au combat lors de la Première Guerre mondiale, dont plusieurs membres de la famille de Sœur Lauretta qu'elle n'a pas eu la chance de connaître mais dont ses parents lui ont raconté l'histoire.
Cette complicité avec Mario (Henri) a emmené sœur Lauretta à se questionner sur son choix de vie en communauté religieuse... Avait-elle choisi la religion pour les bonnes raison ou parce que ses parents l'avaient encouragé à devenir religieuse ? Était-elle vraiment heureuse de consacrer sa vie à Dieu et de renoncer à une vie de famille ?
Sœur Lauretta l'a emmené visiter le parc où un monument commémoratif a été érigé en mémoire des soldats tombés au combat lors de la Première Guerre mondiale, dont plusieurs membres de la famille de Sœur Lauretta qu'elle n'a pas eu la chance de connaître mais dont ses parents lui ont raconté l'histoire.
Ils ont passé des heures à discuter assis sur un banc, au coucher du soleil. En fait, Sœur Lauretta racontait et Mario (Henri) écoutait puisqu'il n'avait pas de souvenirs ou d'histoires de famille à partager. Sœur Lauretta avait espoir de faire remonter quelques souvenirs de son passé en lui racontant l'histoire de sa famille mais encore une autre tentative sans succès. L'espoir de retrouver la mémoire commençait à s'amenuiser dans l'esprit de Mario (Henri)…
Plus les semaines passaient, plus Mario (Henri) et sœur Lauretta passaient du temps ensemble à discuter de tout et de rien, à prendre le thé, visiter des lieux historiques, une belle complicité s'était développée entre eux.
Après quelques journées de réflexion, où elle a passé énormément de temps seule avec ses pensées, à se questionner sur les véritables raisons qui l'ont emmené vers la vie religieuse, elle a eu une longue discussion avec Mario (Henri) sur ces sentiments nouveaux qu'elle éprouvait.
Ce dernier a posé sa main sur la cuisse de Lauretta, les yeux brillants, remplis de tendresse, sans dire un mot, son regard à lui seul valait mille mots. Lui aussi éprouvait de l'affection pour Lauretta et il souhaitait voir où cette complicité pourrait les mener, comme un nouveau départ, une nouvelle vie.
Lauretta est allée annoncer à Giovanni qu'elle quittait la vie religieuse afin de découvrir qui elle était au plus profond d'elle-même, ce qui pourrait la rendre pleinement heureuse et comblée dans les années à venir.
— Curé Giovanni, je vous remercie immensément pour votre bonté, votre générosité et votre hospitalité, vous m'avez sauvé d'une mort certaine et je vous en serai éternellement reconnaissant.
— Mon cher jeune homme, je vous souhaite sincèrement d'être heureux, lui répondit le curé. Que votre mémoire ne vous revienne ou pas, vous avez la vie devant vous et vous pourrez vous créer une panoplie de nouveaux souvenirs.
— Merci beaucoup, lui répondit Mario (Henri), et soyez assuré que Lauretta et moi serons de fidèles membres de votre communauté.
— Et bien maintenant, il faut que j'annonce ma décision à mes parents, déclara Lauretta. Ce sera toute une surprise…
— Effectivement, répliqua Mario (Henri), quitter la vie religieuse ET revenir avec un prétendant à ton bras, c'est tout un revirement!
Mais avant d'affronter ses parents, Lauretta et son nouvel amoureux, son premier en fait, séjourneront chez son frère Antonio pendant quelques jours, le temps de trouver la meilleure façon de d'annoncer la nouvelle à toute sa famille et leur présenter Mario (Henri). Quelle sera leur réaction ?
À suivre…
Note de l'auteur : Je dédie ce chapitre à ma grand-mère maternel, mamie Laurette, qui est décédée le 6 août dernier à l'âge respectable de 95 ans. Elle s'est toujours fait appelée Laurette mais son véritable nom à la naissance était Lauretta 💓👵
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