Génération 6 - Chapitre 33 : Le secret révélé

 

Important…

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L'hiver approche et la saison des récoltes tire à sa fin, ce qui laisse plus de temps libre à Xavier et ses 2 frères jumeaux pour se changer les idées. Et Xavier n'a qu'une idée en tête, séduire la jolie Simone Leblanc, pianiste et chanteuse du cabaret Blue Sky.

Soir après soir, Xavier se pointe au cabaret dans l'espoir d'y croiser Simone. Elle ne performe pas selon un horaire fixe, Xavier soupçonne qu'elle a probablement un deuxième emploi, probablement dans un autre cabaret ou peut-être même de jour, soit comme femme de ménage ou vendeuse dans une boutique, qui sait. 

Les fois où il a pu discuté avec Simone lors des entractes de sa prestation, cette dernière semblait le trouver bien sympathique et drôle.

Après quelques discussions entre 2 verres au cabaret, Xavier a invité Simone à aller faire du patin sur le lac par un beau dimanche après-midi de décembre. Le lac est bien gelé, pas de danger que la glace cède sous leurs patins. 

Après une bonne heure à patiner, ils sont allés se réchauffer autour d'un feu sur le bord du lac.

— Dis-moi Simone, d'où te viens ce talent artistique, tu as une voix sublime, lui demanda Xavier. 

— Ma mère était également une chanteuse de cabaret et c'est ma tante Esmée qui m'a appris le piano, c'est dans nos gênes, répondit Simone. 

— Était ? 

— Ma mère et ma tante ont succombé à la grippe espagnole il y a deux ans, j'ai dû vite apprendre à me débrouiller toute seule et à faire plein de petits boulots ici et là. Nous habitions ensemble toutes les trois. J'ai un frère aîné mais il est parti de la maison dès qu'il a eu 18 ans et on n'a plus jamais eu de ses nouvelles. 

— Et ton père ? 

— Je préfère ne pas parler de lui, ce n'est pas ma personne préférée, disons-le comme ça… Je crois que je vais rentrer maintenant, je commence à avoir un peu froid… 

Xavier a raccompagné Simone à son domicile, une grosse maison jaune, bien trop grande juste pour elle, sa mère et sa tante, et est ensuite rentré chez lui. Il est resté avec un sentiment bizarre après sa discussion avec Simone, elle est mystérieuse et ne semble pas lui dire toute la vérité sur sa situation familiale.

Quelques jours avant Noël, Xavier a voulu faire une surprise à Simone et l'inviter à passer la veille de Noël avec lui et sa famille étant donné qu'elle est toute seule. Il s'est donc rendu à l'adresse où il avait raccompagné Simone dimanche dernier en espérant qu'elle soit là. 

Mais c'est plutôt lui qui a eu toute une surprise lorsqu'une dame légèrement vêtue lui a ouvert la porte.

— Bonjour… Est-ce bien la demeure de Simone Leblanc ? demanda Xavier avec hésitation.

— Mon beau garçon, je ne sais pas si on peut appeler cette maison une demeure mais oui Simone habite bien ici, lui répondit la dame. Tu devras attendre ton tour mon jeune homme, elle est déjà occupée avec un autre client.

— Un client ? Vous vendez quoi au juste ici ? l'interrogea Xavier avec appréhension dans la voix.

— Oh, mon garçon, mais on vend du bonheur, lui répondit madame MacDonald, la propriétaire des lieux, sur un ton séducteur.

Xavier s'est vite éloigné de la dame, est entré dans la première pièce de gauche et a aperçu Simone et son « client ». Il a rapidement tourné les talons, est sorti de la maison en courant avant que Simone ne l'aperçoive et est rentré chez lui, ébranlé et choqué par ce qu'il venait de voir.

Quelques jours plus tard, c'est Simone qui s'est pointé chez Xavier, après que madame MacDonald lui ait dit qu'un jeune homme s'était présenté à la maison pour la voir il y a quelques jours.

— Xavier, je t'en supplie, laisse-moi t'expliquer, ce n'est pas ce que tu t'imagines…

— Pas ce que je m'imagine ?? Non mais tu veux rire de moi ?? Je t'ai vu… nue… en train de… Ah!! Je ne veux même pas prononcer le reste de ma phrase, tu me dégoûtes!!!

— Parce que tu crois que je fais ce « travail » de mon plein gré, que j'ai choisi de me prostituer ??? 

— Simone, il n'y a rien que tu pourras me raconter qui justifiera tes agissements, répliqua Xavier d'un ton accusateur.

— S'il-te-plait, est-ce qu'on peut s'assoir quelques minutes et que tu me laisses m'expliquer… Ce n'est pas que blanc ou noir, supplia Simone.

— Si tu y tiens tant… Vas-y explique-moi comment tu peux faire quelque chose d'aussi dégradant…

— Tu te souviens que je ne voulais pas parler de mon père quand on est allé patiner ? sanglota Simone. Et bien tout ça c'est de sa faute… Mon père a d'énormes dettes de jeu, c'est un alcoolique notoire et il a reçu des menaces des bandits à qui il doit beaucoup d'argent. Il m'a « vendu » à ces crapules afin de rembourser une partie de sa dette, je leur appartiens en quelque sorte… J'ai pensé m'enfuir à quelques reprises mais il me surveille sans cesse.

— … Simone… Je suis désolé… J'ai été tellement rapide à te juger, je n'aurais jamais pu m'imaginer une telle situation… J'aimerais tant être plus fortuné et t'aider à payer la dette de ton père et te sortir de cet enfer…

— Tu pourrais m'aider à m'enfuir… lui chuchota doucement Simone à l'oreille.

— Je vais te sortir de cette impasse, la rassura Xavier en la serrant très fort dans ses bras. Va te préparer une valise, discrètement, et reviens passer Noël ici avec ma famille. Ta patronne ne devrait pas trouver ça trop suspect que tu passes Noël chez des amis étant donné comme tu n'as plus de famille.

Le 27 décembre, aux petites heures du matin, Xavier a dit au revoir à sa famille, après en avoir longuement discuté la veille avec sa sœur Yvonne :

« — Petite sœur, je t'écrirai dès qu'on sera installé à Montréal. C'est une grande ville, on va pouvoir se mêler à la population et passer inaperçu. Personne ne pensera à chercher Simone là-bas. Il y a de nombreux cabarets où Simone pourra faire valoir ses talents et moi, je me trouverai un job dans une usine, je n'ai pas peur du travail manuel. Je t'enverrai de l'argent dès que je peux pour vous aider.

 — Sois prudent mon frère et garde tes sous pour toi et Simone, vous allez en avoir besoin, on va s'arranger. Les jumeaux travaille aux champs, j'ai commencé à coudre des vêtements pour une boutique au village et Béatrice s'est trouvé un emploi comme aide-ménagère, on va se débrouiller. »

— Zénon, Arthur, je compte sur vous pour aider Yvonne à prendre soin de vos frères et sœurs. Vous avez presque 16 ans, vous êtes pratiquement des hommes maintenant. Yvonne va vous expliquer les raisons de mon départ, mais soyez assurés que je continuerai d'être votre grand frère même si je suis à des centaines de kilomètres. Vous aussi, vous devrez partir vivre votre vie un jour, ce moment est arrivé de façon inattendue pour moi mais j'ai confiance que la vie nous offrira du beau pour les années à venir. Je vous aime mes petits frères, termina Xavier, la larme à l'œil. 

Xavier et Simone ont fait le voyage en calèche jusqu'au port de Culloden (la ville tire son nom de la bataille de Culloden, une bataille près d'Inverness en Écosse en 1746, où de nombreux Écossais ont été massacrés par les Britanniques). De Colluden, ils ont pris le traversier jusqu'à Saint-John au Nouveau-Brunswick, et de là ils ont pris le train jusqu'à Montréal au Québec.

Une fois à destination à Montréal, Xavier et Simone se louent une chambre avec cuisinette à l'Hôtel Saint-Michel, en plein centre-ville, où se trouvent de nombreux cabarets.

Simone pourra y tenter sa chance et aller auditionner à quelques-uns d'entre eux pour avoir un peu de temps de scène et partager son talent, alors que Xavier ira postuler pour travailler dans une usine ou un atelier. Il n'y a pas de champs dans le coin, que du béton, du métal, des grands édifices et des usines. 

Xavier qui n'a connu que la campagne pourra-t-il s'adapter à la vie mouvementée de la grande ville et le manque d'espaces verts ? Simone arrivera-t-elle à se démarquer par son talent dans le "night life" de Montréal ? Sans toutefois se faire entrainer du côté obscure de la vie nocturne…

À suivre...